La feuille qui tremble

La feuille qui tremble, la voix qui cherche sa place

C’était le coeur du public que j’voulais faire vibrer à la base 

Sentiment étrange, 3 potes et le reste du monde en face 

Je sais plus si je suis pudique, si je me trouve courageux ou naze 

 

J’ai vu passer l’événement, scène ouverte de Slam 

Tu sais pas comment l’expliquer mais l'instinct te dit d’y aller

Dans mon petit appartement, je m’entraine sur les instrus d’IAM

En fait pas le droit à la musique, bienvenue sur scène pour déclamer 

 

Le premier mot s’envole comme un oiseau quitte le nid 

Dans ma tête c’est intense, la chevauchée des Walkyries 

C’est pas moi qui casserai les codes, chaque vers ancré sur ses appuis

On est pas loin du monotone et pourtant qu’est-ce que je m’applique 

 

En soit l’instant se passe bien, je me sens pas si mal ici 

Sentir le texte qui déroule, comme on suit la partition

Seulement 3 minutes et c’est la fin, un shot d’adrénaline 

Apparemment c’était cool, pour une première prestation 

 

Alors je reviens la prochaine fois, et encore la prochaine fois

Les nouveaux rendez-vous du mois, première inscription en tournoi 

Un concours de poésie spectacle, c’était donc ça le Slam ?

Autant d’artistes que de claques : c’était donc ça le Slam 

 

Y a toutes les classes, tous les âges, tous les styles de nuages dans le ciel 

Tout le monde passe, ça ratisse large, chacun son île dans l’archipel

Ça vient du rap, de la chanson, du théâtre, du sport, de la danse

De chaque espace où l’expression entre encore en résonances 

 

Avec le besoin de dire bien, et l’envie d’écouter vrai

Ou l’inverse, ça dépend, des personnes et des moments 

Le plaisir de suivre le chemin, la fierté de la ligne d’arrivée 

Ou l’inverse ça dépend, à chaque personne son moment 

 

Alors j’apprends, j’apprends, j’apprends à recevoir pour donner 

J’apprends mes textes pour n’avoir plus qu’à faire trembler les mots 

J’apprends à gagner, à perdre, à me tromper, à me trouver

10 ans que j’apprends à faire cohabiter l’humilité et l’ego

 

Et que c’est long d’apprendre, mais que c’est bon quand on aime ça 

Qu’on s’entoure de celles et ceux qui savent la valeur d’être soi 

Apprendre à s’approprier l’espace qui le temps d’un poème est le nôtre

Nos récits prennent tout leur sens, nous dépassent quand ils s’en vont rencontrer l’autre

 

Toujours soi, toujours l’autre, comme un guide, comme un mantra 

De l’écrit à la scène j’y trouve le plus juste équilibre

Ma voix trouve sa place, pendant que je cherche encore une voie

Où travail et engagement riment avec se sentir libre

 

Alors pourquoi pas celle-ci, après tout on m’a toujours dit

Que le travail c’est important et que l’important c’est de faire ce qu’on aime 

J’y aurais pas pensé même si, j’ai toujours eu l’esprit 

Créatif et indépendant, donc pourquoi pas vivre de poèmes ? 

 

Écrire, et faire écrire, qu’on ait le coeur lourd d’idées ou rien à dire 

Dire, faire dire, intensément, pas seulement lire 

Les mots couchés sur le papier n’attendent que de se réveiller 

Se relever, leur donner vie c’est soi-même se révéler 

 

Alors on cultive l’inspiration, semblant qu’on pratique la magie 

Suivre son instinct comme ses modèles, se sentir intense et en vie 

Tout faire pour que passion se diffuse dans l’énergie

Car comme disait Jacques Brel le talent c’est d’avoir envie

 

Aller à la rencontre de tant de personnalités

Pour transmettre, recevoir, accompagner, entrevoir 

Qu’on tous peut aller à l’encontre, sur scène ou en atelier 

Du mal-être, des idées noires, s’exprimer c’est donner espoir 

 

Combien d’entre eux, d’entre elles, ont aussi la feuille qui tremble

Chaque fois les souvenirs me rappellent à quel point on se ressemble 

Mais à quel point nos voix, savent chacune trouver leur place 

Accueillir la confiance en soi quand le poids du regard de l’autre s’efface 

 

Faire ce métier pour avoir, l’impression, de ne pas en avoir 

La formule est aisée, y goûter c’est commencer à croire 

En ce qui fait l’essence et toute la richesse de nos parcours

On éveille les sens autour d’un texte, parfois, entre deux cours 

 

L’authenticité de nos être, la profondeur de nos peut-être 

Comment tous les citer celles ceux qui font vibrer les lettres 

S’engager ensemble dans une parenthèse au goût de vie 

Laissez-moi souffler sur les braises du feu de nos mercis

 

Plus je regarde en arrière, plus j’aime penser à demain 

Au diable les barrières, je veux des rimes dans mon quotidien 

Aller où bon nous semble qu’importe le destin qu’on nous trace 

Et si j’en ai la feuille qui tremble, je me sens déjà à ma place